Accès à l’emploi par les femmes immigrées subsahariennes en France: pouvons-nous affirmer que les « immigrées autonomes » sont plus performantes que « les immigrées familiales »
La théorie de migration axée sur l’intégration segmentée considère que la réussite de l’intégration économique, comme l’insertion professionnelle, des populations immigrées est le produit d’une combinaison de facteurs individuels, collectifs et institutionnels, qui peut aboutir à l’observation de fortes inégalités dans le destin des différentes communautés dans un même pays. Les chercheurs pensent qu’en France, les différences de taux d’emploi observées selon l’origine des immigrées proviennent en partie des effets de composition, notamment des différences de structure par âge entre les groupes, des écarts de diplôme, de situation familiale et des différences de localisation géographique (Lhommeau Bertrand Meurs Dominique & Primon Jean-Luc, 2010).
Dans le cadre de cette communication, nous voulons exploiter les données de l’enquête TeO1 réalisée en France en 2008-2009 pour étudier la probabilité d’être en emploi au moment de l’enquête (en transversal) par les femmes immigrées. Nous allons tenir compte du statut légal de l’an 1 après la migration en interaction avec le temps passé en France, l’âge, le sexe, les diplômes, la situation familiale (en couple ou non, avec ou sans enfant), le lieu de résidence (Île-de-France ou non ; habiter en ZUS ou non) et les caractéristiques propres aux immigrées (l’acquisition de la nationalité française et le fait de déclarer avoir déjà été la cible de discrimination en France). De cette manière, nous comptons enrichir la littérature avec ce papier qui apportera des arguments qui contribueront à déconstruire l’idée véhiculée selon laquelle les bénéficiaires de la migration familiale venues de l’Afrique subsaharienne seraient passives sur le plan professionnel. Et que ce sont seulement les femmes immigrées autonomes qui réussissent à travailler en France.
En effet, plusieurs études ont démontré qu’en prenant en compte le temps qui passe dans le pays d’accueil, les immigrées familiales rattrapent les immigrées autonomes en matière d’accès à l’emploi car elles apprennent la langue du pays d’accueil, acquièrent des connaissances sur le fonctionnement du marché de travail du pays d’accueil, acquièrent une éducation et une formation locale et s’intègrent dans les réseaux locaux (Chiswick, 1978, 1991). Par conséquent, elles surmontent les désavantages qu’elles avaient à leur arrivée et éventuellement, améliorent leurs performances sur le marché du travail. Les résultats empiriques produits aideront les décideurs dans l’élaboration de politique de la population.